PSYCHOTHERAPEUTE, diplômÉ de la facultÉ de mÉdecine de paris MALADIES DU SYSTÈME NERVEUX , ENFANTS ET ADOLESCENTS

Né le 1er Février 1950 à Toulouse, père alors étudiant en Médecine ; donc très tôt plongé dans la fonction soignante. Ma chambre comme salle d’attente m’immunisera correctement.

La médecine étant une évidence, je fus fasciné par la rencontre d’enfants dans un service de cancérologie infantile ; plus tard la rencontre de François Tosquelles déterminera mon engagement.

Enrichi par cet autre regard sur la folie, j’ai totalement adhéré à la psychothérapie institutionnelle.

Je reste convaincu de l’importance des constellations thérapeutiques et de la libre circulation.

Ancien combattant, je reste malgré tout actif dans la création de nouvelles constellations thérapeutiques.

En quête de neuf, je continue à m’enrichir de la rencontre avec toutes les problématiques autistiques de l’enfance aux personnes âgées avec un passionnant travail de recherche sur la sensorialité.

Inquiet par la reprise en main technocratique de la psychiatrie, sous couvert de sciences dures et d’humanisation de surface, je reste convaincu comme l’écrivait F.Tosquelles « que tant qu’il y a des hommes à la surface du monde quelque chose de leur démarche reste acquis, se retransmet , disparait parfois mais aussi resurgit quoi qu’il en soit de catastrophes mortifères qui nous assaillent souvent. Comme on sait, cette résurgence prend le plus souvent des formes nouvelles qui s’actualisent entre nous dans les enjeux du transfert. »

La folie renvoie à une double aliénation.

La folie renvoie à une double aliénation, à une aliénation psychopathologique  et à une aliénation sociale parce que la société ne supporte pas les gens différents. On ne peut traiter une aliénation par un enfermement qui devient alors la caricature de ce qui se passe à l’extérieur. L’antidote c’est la psychiatrie de secteur. Il faut travailler avec l’aliénation active dans la tête et dans l’existence du malade mental. L’Asile doit être un lieu ordinaire,   avec le club des entretiens individuels dès qu’il va mieux on travaille sur l’aliénation sociale tout en continuant le travail sur l’aliénation psychopathologique. 

Les patients  qui sont dans les asiles sont ceux qui ont « raté leur folie » (F.Tosquelles)  c’est-à-dire qu’ils n’ont pas pu jouer avec leurs folies possibles. La normalité n’est que la fluidité entre les différentes folies qui ont maillé la construction psychique de chacun. En fonction de l’histoire personnelle et familiale, de la génétique, du système neurologique, les mécanismes psychiques vont pouvoir jouer dans la singularité individuelle, singularité qui sera conforme ou non à une moyenne acceptable ou non.

« Sans la reconnaissance de la valeur Humaine de la folie, c’est l’Homme même qui disparait »

                                                                                                       (F.Tosquelles)                                                                                                     

L’Asile par sa fonction d’accueil était un lieu où la différence n’interdisait pas l’existence, espace pouvant devenir un espace de créativité dont l’Art Brut a tiré un certain profit.                                                                                                          

Merci  à André Robillard et à Henri François Imbert de ces moments de rencontre authentiques.

André au parcours chaotique, à l’histoire complexe et marquante à plusieurs niveaux a gardé cette fraîcheur, cette authenticité, cette créativité de l’enfance grâce à l’accueil, c’est tout le paradoxe apparent, d’une structure psychiatrique, d’une structure qui a maintenu sa fonction asilaire dans le sens noble du terme ; asile dans le sens de refuge, de lieu de vie de tolérance.

Le lien avec la psychothérapie institutionnelle  pour moi va de soi. Car c’est cette volonté d’un autre regard sur la psychiatrie qui en est le fondement.

Ayant eu la chance de partager avec François Tosquelles nombre de réflexions, j’ai moi-même régressé avec un énorme plaisir dans ce qui me parait être les fondements de l’humain, cette rencontre de l’autre détachée de tout jugement, comme une simple rencontre où se joue tout le sens de notre propre existence.

La différence fait référence à l’archaïque, avec une péjoration banalisée créant une hiérarchisation conventionnelle mais hautement pathogène. Les processus de socialisation font progressivement perdre ce que l’on définit comme réflexes archaïques chez le nourrisson. Ce soit disant archaïque est l’expression de compétences extraordinaires qu’il est nécessaire de perdre pour entrer dans la tribu des humains.

Merci à tous ces archaïques de produire un art brut, brut de décoffrage proche d’une authenticité qu’il serait temps d’apprendre à respecter.

                                                                                       Michel Ressiguier