Jean de Matiloun. Souvenirs d’Annie Auzies
Les soirs d’été nous allions chercher le lait chez Matiloun avec ma mère Andréa et mon frère Bernard.
J’ai rencontré Jean le plus souvent en soirée et dans la cuisine. Il était assez silencieux. Il parlait davantage quand il avait sous les yeux des images de camions et de trains, il rouspétait quand on lui disait qu’il fallait se laver et se changer et enlever tous les « trastes » qu’il transportait dans son gilet tout contre lui.
Un jour où Marinette essayait de le convaincre de se changer, elle lui fit enlever le béret et je vis surgir un gros réveil sous le béret.
Une des rares fois où il me posa une question, alors que j’entrai dans la cuisine, il me demanda « Qué i a en Garona ? » « que votz que i a en Garona –aigua » répondit Marinette en me regardant « il est coquin. Bernard lui a porté un fusil en bois qu’il a pêché dans la Garonne et il aimerait bien avoir d’autres «trastes »
Un jour, il était tout content d’avoir trouvé des cartouches ailleurs qu’au Campas.
Bernard lui donnait des revues « La vie du rail » avec photos de locomotives, gros plans sur la mécanique. Son œil brillait et il riait et pointait le doigt vers la machine et on sentait comme du bonheur en lui.
Je le revois assis sur une chaise basse près du feu et il regardait longuement les photos d’engins et de mécanique dans un état de profonde concentration.
Un chat bien aimé, « le chat de Jean » disait Marinette allait vers lui et Jean le caressait avec conviction et parfois le ventre du chat touchait le plancher.
Je profite de cet évènement pour rendre un affectueux hommage à Henri et Marinette pour leur grande générosité.
Annie Auzies